L’olfaction, une belle pratique pour profiter des huiles essentielles.

Petit, grand, gros, busqué, cap ou péninsule ! parlons du nez et de notre sens olfactif.

Il n’existe pas à proprement parler de science de l’olfaction, ni de théorie des odeurs. Ce domaine reste subjectif tant les appréciations sont diverses et liées à l’histoire ou à la culture de chacun. Alors que la gustation est, quant à elle bien plus normée, telle saveur relève du doux, du salé, de l’acide, du piquant, de l’amer ou encore de l’umami, mais rien de tel pour les odeurs.

Selon la médecine traditionnelle chinoise, le nez est le passage des souffles du Ciel. D’après l’embryologie chinoise, le nez est le commencement de l’homme, le pivot de sa genèse. Et si véritablement au commencement était le nez !

Il est en effet intéressant de connaître le rapport au nez dans d’autres cultures. En Asie pour se désigner, les chinois pointent l’index sur le nez alors que nous-autres occidentaux avons plutôt tendance à nous affirmer « moi » en désignant la poitrine (siège du cœur).

Nous pouvons reconnaître que les orifices situés sur notre visage – les yeux, la bouche, le nez, les oreilles – sont des outils de communication. Ils sont nos organes des sens tournés à la fois vers l’intérieur et vers l’extérieur. Ils reçoivent et émettent des informations qui nous permettent d’appréhender notre monde sur le plan matériel : manger, respirer, parler, entendre, voir … mais aussi sur un plan plus subtil : ressentir, percevoir. Le méditant taoïste est invité à regarder la pointe du nez. Dans cette disposition s’opère une forme de retournement (le tae-ji, ou grand retournement étant le symbole du taoïsme).

« L’œil tourné vers l’extérieur, c’est la vision, l’œil tourné vers l’intérieur, c’est la clairvoyance ; l’oreille tournée vers l’extérieur, c’est l’audition, l’oreille tournée vers l’intérieur, c’est l’entendement ; le nez tourné vers l’extérieur, c’est l’odorat, le nez tourné vers l’intérieur, c’est l’intuition » … le flair ! Par le nez, nous décelons les sympathies et les antipathies, les bonnes et les mauvaises occasions, il nous guide ou nous mène … par le bout du nez !

Notre odorat, un sens primitif ?

Même si nos facultés olfactives sont très inférieures à celles des animaux tels que le chien ou l’abeille, pour nos ancêtres l’odorat était une garantie de survie pour flairer le gibier et les ennemis. Mais aussi pour repérer la fraîcheur des aliments afin de ne pas tomber malade, voire mourir empoisonné … Encore aujourd’hui, sentir les aliments est un bon indice de leur fraîcheur et malheur à celui qui n’a pas ou plus d’odorat.

Peut-être en lien avec cette nécessité de l’homme primitif, dans le ventre de sa mère le bébé perçoit très tôt des odeurs, entre la 10ème et la 12ème semaine in utero. De même, la mémoire olfactive résiste à l’épreuve du temps, c’est l’un des sens qui persiste le plus longtemps chez la personne âgée.

Pour le grand gastronome J-A Brillat-Savarin « l’odorat et le goût ne forment qu’un seul sens dont la bouche est le laboratoire et le nez la cheminée ». Odeurs et goûts sont intimement liés, avez-vous déjà observé que lorsque vous avez le nez bouché par un simple rhume, vous ne percevez plus ou presque les saveurs ? Saveurs et odeurs participent donc d’une même réalité sensorielle. Tout trouble de l’olfaction va affecter le goût alors que l’inverse est moins vrai.

Un sens aussi précieux, il est naturel de le décrypter plus précisément.

A chaque inspiration, nous captons des messages olfactifs (bons ou mauvais). Une information est transmise rapidement au système limbique, siège des émotions, du plaisir et de la mémoire.

Sur le plan physiologique, premièrement, notre nez détecte les molécules aromatiques. Cela se fait au niveau de l’épithélium olfactif, une toute petite zone située au niveau supérieur des fosses nasales. Cet épithélium est composé de neurones olfactifs qui captent les molécules chimiques lorsqu’elles se posent sur des récepteurs membranaires. Ils nous permettent de capter et de distinguer des milliers d’odeurs. Il existe différentes catégories de récepteurs qui vont distinguer les odeurs. Ce système est très élaboré, même s’il l’est beaucoup moins que chez les animaux (chiens, chats, chevaux, …).

Puis le neurone olfactif prend le chemin du cerveau où les informations sont traitées. Le trajet comporte un passage par l’amygdale, zone impliquée dans la peur et l’anxiété … modulant l’activité de cette zone cérébrale. On observe alors que certaines odeurs auront un effet apaisant. Ce phénomène a notamment été observé lors de l’olfaction de l’huile essentielle de lavande fine.

En dernier lieu, l’information olfactive rejoint une zone plus profonde, le thalamus et le cortex orbifrontal où se réalisera un traitement analytique de l’odeur. A ce niveau le stimulus n’a pas besoin d’être perçu consciemment. C’est ainsi que dans une expérience qui a été menée auprès d’adolescents, diffuser une essence de citron même avant leur présence dans la pièce, aura un effet intéressant. A ces adolescents des biscuits faisant beaucoup de miettes sont donnés. Ceux qui ont pénétrés dans la pièce où a été diffusée de l’essence de citron (même si l’odeur n’est plus vraiment perceptible) seront plus enclins à nettoyer spontanément les miettes à l’aide d’un produit lui-même parfumé au citron que ceux qui n’ont pas été exposés même inconsciemment à cette essence de citron ! Incroyable, n’est-ce pas !

Les informations olfactives rejoignent aussi l’hippocampe, ce qui permet d’associer un souvenir à une odeur. Les souvenirs olfactifs sont très tenaces ! la madeleine de Proust en est la preuve. Les odeurs ont le pouvoir de nous ramener en arrière, en enfance, de faire remonter des souvenirs, des émotions, des ressentis et ceux-ci sont généralement chargés d’affect.

Qu’en est-il plus précisément de l’olfaction des huiles essentielles.

Celles-ci sont issues des composés organiques volatils présents dans des plantes odorantes. Les molécules qui les composent sont réparties dans plusieurs familles biochimiques auxquelles l’aromathérapie scientifique prête des qualités thérapeutiques. Certaines molécules sont notamment réputées pour relaxer, calmer, apaiser le corps… les esters par exemple.

Mais il ne faut pas oublier que chaque huile essentielle est le fruit une combinaison de dizaines, voire de centaines de molécules biochimiques. Ce tout (ou totum) que forme l’huile essentielle lui confère également une qualité énergétique qui parfois rejoint la symbolique de la plante dont elle est issue.

Ainsi respirer de l’huile essentielle de laurier noble va améliorer la confiance en soi et favoriser l’éloquence. Cette plante n’a en effet pas été choisie au hasard pour couronner la tête des vainqueurs, des héros et des génies de l’antiquité.

L’olfaction de l’huile essentielle va transmettre une information au cerveau comme nous l’avons décrit plus haut. S’agissant d’une action respiratoire, l’information va également être transmise aux poumons. Il est donc à noter sur ce point que l’olfaction même si elle présente moins de contre-indications que les voies d’application cutanée ou orale, elle ne sera pas anodine sur des publics fragiles au niveau pulmonaire (asthmatiques ou toute personne souffrant d’une autre pathologie respiratoire). Le choix des huiles essentielles sera également important puisque notamment celles contenant des phénols seront évitées car elles peuvent irriter fortement les voies respiratoires, voire avoir une action dermocaustique. Il s’agit par exemple des huiles essentielles de thym à thymol ou à carvacrol, de la sarriette des montagnes, de l’origan compact.

D’une manière plus générale, il est important de veiller à ce que le choix des huiles essentielles utilisées en olfaction ne soient pas irritantes pour la peau et les muqueuses ou dermocaustiques. Il faut veiller également à ne pas utiliser d’huiles essentielles neurotoxiques (la diffusion et l’olfaction des huiles essentielles riches en cétones sera donc à éviter).

Sources :

Nez, Gorge, Oreille en médecine traditionnelle chinoise – Bernard Cygler – Ed Springer ;

Physiologie des huiles essentielles – Arnaud Géa, Philippe Banel – Ed Dunod ;

Le guide terre vivante des huiles essentielles – Dr Françoise Coic Marinier ;

Images : pexels

Notre nez étant un organe intelligent, très vite les huiles essentielles irritantes seront rejetées tant elles saturent rapidement nos capteurs olfactifs des muqueuses nasales. Les olfactions longues ou répétées seront aussi à éviter chez les personnes souffrant de pathologies telles que l’épilepsie.

Action sur les émotions

L’olfaction correspond à l’utilisation des huiles essentielles par voie aérienne. Il vous est possible de choisir une inhalation ou la diffusion atmosphérique. Afin d’agir sur les émotions c’est le plus souvent l’inhalation « sèche » qui sera privilégiée (je reviendrai plus longuement dans un autre article sur la diffusion atmosphérique). Pour sa praticité, je vous recommande l’inhalateur de poche. En plastique ou encore mieux en métal, ce petit objet sait se montrer esthétique, discret, il se glissera dans la poche, le sac, la trousse, … Il s’agit tout simplement d’un tube creux contenant une mèche que l’on va imbiber avec les huiles essentielles choisies.

Une fois sélectionnées les huiles essentielles (si possible avec l’aide d’un conseiller formé), une dizaine de gouttes va être déposée sur la mèche en coton. Une fois l’inhalateur clipsé, vous pouvez l’utiliser et respirer votre mélange pendant quelques minutes, une ou plusieurs fois par jour. Il vous appartient alors d’observer ce qui se passe en vous. Quel chemin allez-vous parcourir à l’aide de la fragrance obtenue ? Quels sont les effets ressentis ? ou les émotions ?

Certaines odeurs comme celles de la lavande, de l’orange douce, de la mandarine ou de la camomille noble vont avoir un effet relaxant, apaisant, voire anxiolytique. D’autres, comme le citron vont accroître la vitalité, le sens analytique. Le romarin à cinéole, quant à lui est réputé pour favoriser la mémorisation. Il sera prisé des lycéens et étudiants ou encore de toute personne amenée à produire un effort intellectuel poussé, mais aussi par les personnes âgées pour maintenir leurs capacités cognitives.

Les odeurs de myrrhe, d’encens, de nard de l’Himalaya vont élever l’esprit, le ylang-ylang permettra de lâcher prise…

L’olfaction peut ainsi être un support à la méditation, tant le message aromatique des plantes est riche par sa symbolique et par sa complexité. Comme pour un parfum, lors de l’olfaction d’une huile essentielle va apparaître une première note composée des molécules les plus volatiles puis d’autres odeurs plus subtiles vont émerger et nous offrir des images ou sensations.

L’olfaction d’huiles essentielles sera aussi un support utile lorsque l’on souhaite se défaire d’une habitude, voire d’une addiction (tabac, nourriture,…). L’essence de pamplemousse par exemple va calmer les envies de sucre. Respirer des essences d’agrumes va inciter à choisir un fruit plutôt que des sucreries …

Pour accompagner vos états émotionnels, vous pouvez donc faire le choix d’entrer en contact avec les bienfaits des huiles essentielles. Par ma pratique, je vous guide dans le choix des huiles les plus à même de vous satisfaire et vous procurer bien-être. Les huiles seront sélectionnées en fonction de votre intention et des propriétés des huiles essentielles. Au final, votre mélange sera composé d’odeurs qui vous plaisent, qui vous parlent.

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